lundi 16 novembre 2009

Le développement économique et la démocratie politique


" En vérité, on ne le sait pas et je voudrais ici rapprocher deux concepts qui intriguent les chercheurs : le développement économique et la démocratie politique.

Sont-ils liés ? L’une, la démocratie, procède-t-elle de l’autre ? Si c’est le cas, comment explique-t-on que l’Inde, le Sénégal, Maurice, pour ne citer que ces trois cas, se soient installés dans la démocratie politique bien avant de prétendre au développement économique ?

Et la Grèce et le Portugal ? N’ont-ils pas renvoyés leurs colonels ou leurs généraux pour embrasser la démocratie avant de s’employer à développer leurs économies ?

Et qui peut assurer, à l’inverse que le parti communiste chinois cèdera la place au multipartisme et à la démocratie, dans dix ou quinze ans, après avoir mis l’empire du milieu dans l’orbite du développement ?

Les politologues ou les économistes s’accordent à dire que la démocratie et le développement sont les stades suprêmes de l’évolution des pays, le niveau auquel ils aspirent à s’élever. De même qu’en économie il y a des pays qui méritent le beau nom d’émergent, en politique il y en a qui émergent de l’autocratie.

Les politologues et économistes divergent cependant on avoue même leur ignorance dès qu’il s’agit de désigner la port à ouvrir, d’indiquer où se trouve la clef et dans quel sens la tourner pour actionner le mécanisme de la serrure.

Des pays comme le Brésil, l’Inde ou la Turquie ont tâtonné pendant plus d’un demi-siècle avant de voir s’ouvrir devant eux, tout d’un coup et à l’improviste, la porte du développement économique.

Pourquoi à ce moment-là, et pas avant, ni après ? Qu’est-ce qui a été déterminant pour déclencher le déclic ? Quelle est la marche qu’il fallait franchir pour entrer dans le cercle vertueux du développement ?

A ces questions, il y a autant de réponses que d’économistes. Il en va de même pour l’entrée d’un pays sans possibilité de rebrousser chemin dans l’aire démocratique : en Asie, après l’Inde et le Japon, Singapour et la Corée du Sud y ait fait leur entrée pour de bon. Mais et la Thaïlande et l’Indonésie ?

Sur le continent Africain, plus précisément en Afrique Subsaharienne, le Sénégal est-il à l’abri d’un retour en arrière ?

Et quels sont, après l’Afrique du Sud, Maurice, le Botswana, le Mali, le Ghana et le Cap-Vert, les pays décidés à franchir le pas et qui sont, en même temps capables de le faire ? "

Extrait de "Ce que je crois" de Bechir Ben Yadmed

Jeune Afrique