vendredi 5 juin 2009

Tandja prêt à tout pour un troisième mandat


Désireux de modifier la Constitution pour être réélu, le chef de l’Etat n’a que faire de la contestation intérieure et des avertissements venus de l’étranger.

Dosso, ville située dans le sud-est du pays, a allumé la mèche de ce qui pourrait se transformer en chaos. Les forces de l’ordre ont dû recourir à la matraque et aux gaz lacrymogènes pour disperser les opposants au référendum voulu et imposé par le président Tandja Mamadou. Ceux-ci ont empêché le premier responsable de la ville de délivrer un message du gouvernement sur la tenue du référendum.



Par sa volonté de s’octroyer un nouveau bail à la tête du pays, le président Tandja a pris un gros risque, mettant en péril la stabilité de son pays. Ce colonel de l’armée est certainement vacciné contre les remous sociaux. Sa société civile n’est-elle pas l’une des mieux organisées de l’Afrique de l’Ouest, et surtout la plus radicale quand elle monte au créneau ? On l’a vue avec le mouvement contre la vie chère qui a littéralement paralysé Niamey, la capitale. En bon militaire, Tandja a sûrement établi ses plans A et B pour mater tous ceux qui s’opposent à son projet. On le jugera au choix des moyens mis en œuvre à cet effet quand Niamey entrera dans la danse de la contestation.



Les centrales syndicales et les partis d’opposition ont sonné le tocsin du rassemblement pour dénoncer le projet de référendum. Leur moyen, c’est la grève. Ce concert de protestations contre le projet de Tandja dépasse les frontières du pays. L’administration Obama, très attentive à la qualité de la démocratie en Afrique, s’est dite inquiète, tout comme Ottawa. La Francophonie y est allée également de sa dénonciation. Mais Tandja voit en ceux-ci des empêcheurs de faire rebelote. Il serait plutôt réceptif au soutien sans faille du Guide de la révolution libyenne [Mouammar Kadhafi] et de son parti, le Mouvement national pour la société de développement (MNSD). Paris, elle, attend peut-être d’y voir clair. Assis sur ses intérêts [l’exploitation de l’uranium par la société française Areva], le gouvernement français suit de plus près que n’importe quelle capitale l’évolution de la situation.



Son vœu, comme celui de tous ceux qui aiment le Niger, est que la situation ne dégénère pas, afin de lui épargner d’avoir à lâcher Tandja. Paris échafaude certainement des scénarios. Une chose est sûre, dans les calculs de la France, ce n’est pas le moment de laisser tomber le Niger. Tandja doit donc prendre la mesure de la contestation, pour ne pas devoir être comptable d’une crise politique due à sa seule ambition personnelle.

| Courrier International Abdoulaye Tao- Le Pays