jeudi 29 novembre 2012

ET SI L’HISTOIRE N’ETAIT QU’UNE MANIPULATION ?


Leçon de « Géostratégie Africaine »  n° 46 de Jean-Paul Pougala (*) :    



« Il faut savoir d’où on vient pour savoir où on va » insistent à répéter les historiens. Malheureusement, l’histoire que nous croyons connaitre et qui sert de point de départ pour ce fameux voyage vers le futur est très souvent un ensemble de bricolages et de tripatouillages du plus fort et puissant du moment qui peut ainsi présenter une version édulcorée, très indulgente de ses propres échecs, lorsqu’il ne les présente pas tout simplement comme succès.
Nous allons voir ci-dessous quelques exemple de comment les livres d’histoire ne nous disent pas toujours la vérité sur les faits passés. L’histoire est avant tout le choix sur plusieurs versions du même fait, en fonction de l’intérêt qu’on souhaite privilégier. On peut ainsi, de façon délibérée  nier la réalité et inscrire dans les livres d’histoire, ce qu’on aurait voulu que ce soit et non la photographie des faits. 

A- MENSONGE INTERNATIONAL
1-    LE MENSONGE DERRIERE LA HAINE DE LA RUSSIE PAR L’OCCIDENT
Lorsqu’on pose la question : pourquoi cette phobie qu’ont les occidentaux contre la Russie ? La réponse est presque unanime : à cause de l’héritage de la menace que représentait ce pays durant la guerre froide. Ce qui est faux, bien évidemment. Nous sommes là devant un des cas les plus hallucinants de la falsification de l’histoire moderne. Une histoire écrite à l’Ouest de 30 millions de soviétiques ukrainiens tué par Staline dans les goulags. Une information complètement fausse, mais savamment entretenue depuis son auteur Hitler, jusqu’à nos jours.
Pour reconstruire ce grand mensonge de l’histoire, il faut lire le chef d’œuvre du dictateur allemand Adolf Hitler publié en 1925, intitulé Mein Kaft dans lequel il écrit que l’Ukraine doit devenir une région pour garantir l’épanouissement et l’espace vital de l’Allemagne. La propagande Nazie va s’en saisir pour marteler qu’il fallait libérer ce territoire des « êtres inférieurs » pour permettre à la race allemande de s’épanouir. Mais ce territoire est russe et communiste. Comment y parvenir ? C’est le début de la haine contre les russes. Pour y parvenir, Hitler va se servir de 3 personnes : Hearst, Conquest et Soljenitsyne.

Alors que pendant 60 ans l’histoire officielle en Occident avait toujours fait circuler une fausse version de l’image de Staline, il faudra attendre 9 ans après la chute du mur de Berlin pour que quelqu’un ait le courage de revisiter tout le mensonge de la centralité de l’histoire entre l’occident et la Russie. Le premier à remonter à Hitler et rapprocher les 3 hommes au service de la propagande de dénigrement de Staline et l’URSS, pour la conquête de l’Ukraine c’est Mario Sousa qui publie en avril 1998 le résultat d’un recherche intitulée : « Les Mensonges sur l’histoire de l’Union Soviétique », très dense et documentés dans Proletären, le journal du parti communiste suédois KPML.

Pour Mario Sousa, Hearst est l’ami américain de Hitler est le plus important de cette manipulation de l’histoire, en mettant en jeu sa richesse et son empire médiatique.

William Randolph Hearst est un multimillionnaire américain, fils de Georges Hearst , sénateur américain, richissime propriétaire de mines et de plusieurs journaux de faits divers, dont le San Francisco Daily Examiner à la tête duquel il va nommer ès 1885 son fils, le prodige William, qui lorsqu’il devient ami de Hitler, il est en 1935, considéré comme l’homme le plus riche du monde, grâce à son empire des médias fait de 2 agences d’information, 12 stations radios 25 quotidiens et 24 hebdomadaires couvrant tout le territoire des USA, avec 13 millions de copies vendues chaque jour pour 40 millions de lecteurs, qui seront tous mis au service du fureur dans sa guerre psychologique contre l’Union Soviétique et son président.  Son influence est telle qu’il réussira à retarder l’entrée en guerre des USA contre Hitler. Pire, il réussira surtout à faire en sorte que les USA ne s’allient pas à l’URSS pour lutter efficacement ensemble contre Hitler et écourter la durée de la guerre.

Comment en est-on arrivé là ?
En 1934 Hearst fait un voyage en Allemagne où il rencontre Hitler qui lui expose ses idées sur la nécessité vitale pour l’Allemagne d’envahir l’Ukraine et d’en faire le grenier du pays. Lorsque Hearst rentre aux USA, ses 40 millions de lecteurs quotidiens de faits divers seront servis par une nouvelle littérature contre l’Union Soviétique. Et pour écrire les articles les plus abominables contre l’Union Soviétique, Hearst ne va pas passer par quatre chemin pour recruter un journaliste, il va tout simplement publier et régulièrement les articles que lui envoie Goering, le bras droit de Hitler. Tous les deux vont expérimenter une technique de manipulation et de diabolisation qui sera ensuite utilisée contre l’Afrique et ses dirigeants chaque fois qu’ils ne seront pas suffisamment dociles :  il s’agissait de projeter dans l’imaginaire collectif de l’opinion publique américaine l’idée des dirigeants soviétiques, tous gangrénés par la corruption, et le peuple extrêmement pauvre à cause de ses dirigeants incapables. Les gros titres étaient fournis directement par la gestapo, la police secrète nazie. Le 18 février 1935, à la Une du Chicago American, il y al titre : 6 millions de morts de famine en URSS.

Lorsque Hearst meurt en 1951, grâce à son empire qui compte désormais 100 quotidiens et emploie 15.000 personnes, il a réussi à mettre les bases de la guerre froide basée sur la peur de l’Union Soviétique. C’est la CIA qui va récupérer son héritage et relancer de plus belle.

Lorsque Ronald Reagan arrive au pouvoir comme président des USA de 1981 en 1989, il a besoin  de faire passer ses reformes ultralibérales, pour déréguler l’économie américaine et donc, créer plus de précarité, avec moins de la présence publique. Pour y parvenir sans susciter de remous de ses citoyens, il ira pécher dans la presse nazie de Hearst, la fable des morts de famine en Union soviétique. Cette fois-ci, il frappe plus fort que Hearst, et fait passer ses précédents 6 millions de morts à 15 millions de famine, en plus de 11 millions de morts de la torture socialiste, à travers 2 initiatives de manipulation, extraordinaires : l’université pour la crédibilité académique du mensonge et le cinéma pour cimenter et inscrire le mensonge dans le marbre de la pensée populaire comme vérité absolue. Il vient de Hollywood comme acteur et donc, il connait la force du cinéma. C’est ainsi qu’en 1984 c’est un professeur de la prestigieuse université américaine de Harvard de Boston qui va publier un livre du titre : « Human Life in Russia » (ou la vie humaine en Russie), deux ans après, en 1986 c’est un ancien membre des services secrets britanniques, devenu professeur d’histoire à l’université américaine de Stamford en Californie, un certain Robert Conquest qui va encaisser la somme de 80.000 dollars pour avoir mis sa signature sur un livre intitulé : « Harvest of Sorrow » ou la Moisson du Désespoir, qui sera interprété au cinéma la même année avec le titre « Harvest of Despair », ou bien la Moisson du Désespoir.  La même année, Conquest est recompensée, puisqu’il est recruté par Ronald Reagan en personne pour écrire un texte pour préparer le peuple américain à une pseudo invasion russe. Ce texte sera intitulé : « Que faire quand les Russes arrivent - un manuel de survie ». 

Mais qui est ce professeur d’histoire dénommé Conquest ? Pour le savoir, il faut faire un saut en arrière de 10 ans pour lire dans le journal Britannique The Guardian du 27 Janvier 1978 qu’à l’IRD (Information Reseach department) des services secrets britanniques, il travaillait au département chargé de la désinformation sur l’ Union Soviétique, c’est-à-dire que son rôle était de fabriquer de fausses histoires croustillantes pour les politiciens et journalistes occidentaux pour dénigrer l’Union Soviétique. Dans ce même journal, The Guardian va plus loin et révèle qu’il y avait plus de 100 journalistes qui à travers leurs articles faisaient semblant d’avoir été sur le terrain de la prétendue terreur en Russie, mais qui au fond fabriquaient tous leurs articles à partir des fausses informations fournies par le bureau de Conquest. Et parmi ces journaux, The Guardian cite : Le Daily Mirror, The Times, le Financial Times,  The Economist, le Daily Mail, The Express, The Guardian lui-même et bien d’autres encore.

Tout ce mensonge ne va pas laisser indifférent un homme, c’est un journaliste canadien du nom de Douglas Tottle qui écrira en 1987 un livre intitulé : « Fraud, Famine and Fascism » ou Mensonge, famine et fascisme. Et un sous-titre tout aussi évocateur : « la fable du génocide ukrainien d’Hitler à Harvard ». Dans ce livre, Tottle démonte point par point les mensonges qu’on a servie à la population américaine pour eau bénie. Il montre par exemple que les photos que Hearst avaient publiées à la Une de ses journaux et reprises par les professeurs universitaires étaient en réalité  des photos provenant ou de la guerre civile russe de 1917 ou des morts américains de l’épidémie de la fièvre espagnole qui avait fait 20 millions de morts de 1918 à 1920 en Europe et aux USA.

Quel est l’écrivain Russe le plus plébiscité en occident ?  C’est Alexandre Soljenitsyne, récompensé même par un prix Nobel de la littérature. Mais lorsqu’on sait que le Nobel attribué au camp ennemi comme celui de la Paix au chinois Liu Xiaobo en 2010, pour son livre « L’Archipel du goulag »

Soljenitsyne va gagner le prix Nobel de littérature 1970. Il doit remercier l’occident pour ce prix. En 1974, il renonce à la nationalité russe et émigre en Suisse, puis aux USA où dès l’année d’après, c’est-à-dire le 15 Juillet 1975 il doit parler au Congrès Américain, devinez de quoi ? Bien sûr pour dénigrer son pays. Soljenitsyne se trouvait un peu dans le même piège de plusieurs africains de la diaspora qui pour remercier les pays hôtes de les héberger, se mettent dans une posture permanente de réfugiés virtuels qui doivent dénigrer leur pays d’origine constamment pour avoir le « benestare » du pays hôte. Comme Liu Xiaobo qui soutenait Bush pour sa guerre en Irak, Soljenitsyne milite pour que les USA attaque encore le Vietnam, parce que pour lui, la défaite de la Nation américaine contre des communistes de Vietnam est tout simplement inacceptable. Surtout que, selon lui, il existerait des milliers de soldats américaines encore prisonniers au nord du Vietnam. Ce sont ses mensonges qui vont inspirer les films Rambo. Il regrette que le Portugal qui est un pays civilisé de l’Occident a pu donner l’indépendance à des pays incivilisés comme l’Angola et le Mozambique. Mais là où Soljenitsyne, va faire encore plus fort c’est le 20 mars 1976 lorsqu’à la chute du dictateur espagnole Franco il va en Espagne pour mettre les espagnoles en garde contre le socialisme qui risquait de remplacer le fascisme de Franco, à la transmission Directissimo et repris le lendemain 21 mars 1976 au journal télévisé de la télévision ABC, il déclare que le socialisme avait tué 110 millions de russes. Le mensonge de Hearst de 6 millions de morts était arrivé à 15 millions de Conquest et maintenant, il était devenu 110 avec le nouveau chouchou de l’occident Soljenitsyne, avec une inflation des mensonges contre son pays.

Voilà comment 3 personnages pour 3 raisons différentes ont pu contribuer à la falsification d’une histoire qui conditionne le présent des deux pays les plus armés au monde. Mais surtout, voilà comment un dictateur comme Hitler honnis par les livres d’histoire peut continuer de vanter la paternité d’un positionnement stratégique de l’occident qui lui voue une fidélité à sa politique en continuant à haïr l’ennemi qu’il s’était fabriqué pour les besoin de sa politique macabre.

2-    LE MENSONGE SUR LA POLITIQUE EXTERIEURE AMERICAINE
L’histoire enseignée aux petits américains dans les écoles dit que les USA sont entrés en guerre contre le Vietnam du Nord, parce qu’en Aout 1964, deux de leurs sous-marins qui étaient entrés par erreur dans les eaux territoriales vietnamiennes avaient été détruits avec tous les marines morts à l’intérieur. Et que deux jours plus tard, comme on est en démocratie, le président Johnson avait fait la requête et obtenu du Sénat américain l’autorisation pour lancer sa grande campagne de bombardements du Nord-Vietnam. Toute cette histoire est vraie en apparence. Lorsqu’on va consulter les documents déclassés de l’administration Johnson, on a la surprise de constater tout simplement que le président a menti. Il n’y a jamais eu le moindre affrontement en mer avec les militaires Vietnamiens. Qu’importe, le président a voulu sa guerre et il l’a obtenue. Pourquoi donc les historiens ne corrigent pas et disent clairement que les américains ont mené une lâche attaque contre un pays qui n’avait rien fait pour menacer les marines américains ? Parce qu’il ne faut pas mettre en question la perception que le monde entier a de la démocratie américaine. Surtout, il ne faut pas faire passer l’idée selon laquelle, à la fin, la Chambre des Représentant ou le Sénat est une inutilité, puisqu’en dernier ressort, c’est la décision du président qui prime surtout quand la majorité des membres de la chambre des représentants est de son même parti politique.

Pour commémorer les 3 ans de l'intervention américaine en Irak, Howard Zinn   publie une tribune dans la revue américaine "The Progressive" intitulée : 150 ans de mensonge dans la politique étrangère des USA dans laquelle il écrit  : "Si nous ignorons l’histoire, alors nous sommes de la viande toute prête pour les politiciens les intellectuels et les journalistes qui fournissent les couteaux à découper".

Le 12 septembre 2002, devant le Conseil de sécurité de l’ONU M. George W. Bush présente son célèbre rapport d’accusation contre M. Saddam Hussein avec le titre qui lui allait bien : « Une décennie de mensonges et de défis » dans lequel il établit deux mensonges : Saddam a des liens étroits avec Al Qaeda et qu'il possède des Armes de Destruction Massive. Les 1400 inspecteurs américains dénommés : Survey Group, dirigé par le général Dayton, qui fouilleront tout le territoire iraquien à la recherche de telles armes n'en trouveront même pas une trace, tout simplement parce qu'au moment où Bush présente son rapport aux Nations Unies, ses services de renseignement l'ont déjà informé que cette information n'est pas fondée. Mais qu'importe, l'histoire est aussi la reconstruction d’un raccourci qu'on a construit pour arriver à certains objectifs, très souvent mesquins. Ce qui a fait dire à la représentante californienne à la chambre des députés Mme Jane Harman dans une interview publiée sur le quotidien français Libération du 28 mai 2003 qu'il s'agissait de : « la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps ». Cela a-t-il suffit pour que les historiens américains redorent le blason du président irakien mort, pendu par les pantins de Washington après un procès sommaire digne de la vraie barbarie démocratique sous l’égide des Etats-Unis d’Amérique ? Bien sûr que non.

3-    LES MENSONGES SUR LES VRAIS BELLIGERANTS DE LA GUERRE DU VIETNAM
Les livres d’histoires rapportent que le petit Vietnam a battu le grand pays que sont les Etats-Unis d’Amérique. Faux. Il existe un fait que les historiens soit américains que vietnamiens ne reportent jamais, pour des raisons de géopolitique pour le premier et de fierté nationale pour le second, c’est qu’au Vietnam, les américains ne combattaient pas uniquement contre les vietnamiens, mais aussi et surtout, contre les chinois. Il faudra attendre 33 ans après l’engagement chinois au Vietnam pour qu’en 1996 le porte-parole du Ministère Chinois des Affaires étrangères pour la première fois confirme les faits et fournit même des chiffres selon lesquelles de 1965 à 1973, la Chine avait envoyé 320.000 soldats de l’Armée Populaire de Libération voler au secours de la protégée communiste, RDVN, République Démocratique du Viêt Nam, surtout dans trois taches principales : la défense aérienne, qui a permis d’abattre 2140 avions américains et 2300 hélicoptères, la logistique et le génie-militaire pour reconstruire en un temps records tous les routes et surtout, les ponts détruits par l’aviation américaine.  Mais la marine chinoise y était aussi présente avec ses dragueurs de mine pour nettoyer 201 km de côtes, aussitôt que les américains les couvraient de mines. Le porte-parole ce jour-là a même communiqué le nombre de morts et de blessés, bien entendu exagérément corrigé à la baisse pour ne pas susciter en Chine même un remous. Selon ce porte-parole chinois, l’Empire du Milieu ne cessera l’envoi de soldats au Vietnam qu’après le départ des troupes américaines du Vietnam le 29 mars 1973.

2 ans avant ce retrait des 541.000 soldats américains du Vietnam, en 1971, les USA, tendent la main à Mao qui vient de décider d’ouvrir son pays vers l’extérieur. Le premier à en faire les frais sera Taiwan, le protégé des USA qui va dès ce 1971 quitter les Nations-Unies, remplacé par la République Populaire de Chine de Mao qui devient le 23 novembre 1971 membre, non seulement membre des Nations Unies, mais avec comme Bonus, un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité. Même si Henry Kissinger tentera dans ses mémoires, de minimiser l’échec de la diplomatie américaine symbolisé par ce sacrifice de Taiwan avec ce vote du 25 octobre 1971 où la motion d’un petit pays comme l’Albanie va battre celle américaine de 76 voix contre 35 pour admettre la Chine et exclure Taiwan des Nations Unies. L’année d’après le Président Nixon se rendra en Chine où il rencontrera le président chinois Mao le 29 février 1972. Et un an après, les Etats-Unis vont officialiser leur défaite face aux troupes chinoises en secours de leur protégée, l’armée vietnamienne et quitter le Vietnam donc ce 29/3/1973 après y avoir englouti presque 150 milliards de dollars (près de 800 milliards de dollars à la valeur de 2012) et perdu 58.000 de ses jeunes soldats, mais aussi, fait ses 158.000 blessés, et tué selon les sources, de 1 à 4 millions de Vietnamiens, pour une cause qui à ce jour n’a toujours pas été révélée au peuple américain. C’est-à-dire que les Américains ont décimé près de 10% de la population vietnamienne pour un résultat nul. Exactement comme avec ses alliés plus de 30 ans plus tard en Irak, en Afghanistan, en Libye et en Syrie.

Mais pourquoi la Chine est-elle entrée en guerre contre les Américains ? Parce que le gros mensonge que 3 présidents américains : Kennedy, Johnson et Nixon avaient raconté sur la raison de leur entrée en guerre : empêcher que le communisme du Nord arrive au sud, n’avait convaincu personne à Pékin. En effet, pour Pékin, la vraie raison de la guerre au Vietnam et qui ne figure pas à ce jour dans les livres d’histoire est que les américains voulaient encercler la Chine par leur présence militaire, après ses troupes stationnés au Japon et en Corée du Sud. Et si ça se  terminait mal, elle aurait tout simplement nié d’avoir jamais mis les pieds au Vietnam.

Au Vietnam, la Chine a inauguré une nouvelle forme de guerre dite d’effacement. Le fait de cacher l’implication de la Chine dans la guerre au Vietnam privait les américains d’une information capitale sur l’effort financier de la guerre. En effet, tous les stratèges de Washington avaient parié sur l’étranglement économique des Vietnamiens, ce qui aurait contribué à les affaiblir et porté à leur échec. Ce qu’ils ignoraient, c’est que les Chinois avaient injecté dans cette guerre la bagatelle somme de 20 milliards dollars US. Cette précision sur le volet financier a aussi été apportée par le même porte-parole. Ainsi va l’histoire qui passée sous le moule de la géopolitique n’est après le lessivage qu’une succession de mensonges bien élaborés pour amuser les naïfs amants des films de Holywood avec autant de Rambo que de Terminator qui font triompher la grande Amérique quoiqu’il arrive. Malheureusement, ce n’est que dans les films que désormais le plus fort pourra être certain de déclencher une guerre contre le plus faible et gagner à coup sûr. Le désordre d’après Kadhafi en Libye, avec l’assassinat de l’ambassadeur américain Stevens est là pour nous le prouver. L’Irak et l’Afghanistan sont autant d’exemples qui prouvent que les mensonges de l’histoire portent nécessairement à la méconnaissance de la réalité et donc, au risque de répéter les mêmes erreurs pour en récolter les mêmes résultats.

4-    MENSONGE PAR OMISSION
En avril 1944, quelques semaines avant le débarquement des troupes anglo-américaines sur les côtes Normandes dénommée « Opération Overlord », il fut décidé de lancer une autre opération *, celle là dénommée « Opération Tiger » dont le but était de servir d’exercices sur des plages britanniques semblables à celle françaises choisies pour le débarquement à venir, pour tester les hommes et les appareils. Un bataillon entier se trompa de destination et se dirigea vers les côtes françaises où  les attendaient les soldats allemands. Pris de panique, la plupart des soldats de ce régiment se jetèrent à l’eau, alors qu’ils ne savaient ni nager, ni même comment utiliser le gilet de sauvetage. Ajouté à ce cafouillage la malchance qui fait qu’au mois d’Avril l’eau de la Manche est glaciale et qu’aucun être humain même muni d’un gilet de sauvetage ne peut survivre plus de quelques heures, on arrive au bilan effroyable de 639 morts noyés. Ce fiasco qui reste l’un des plus retentissants de l’histoire des exercices militaires, curieusement ne figure dans aucun livre d’histoire, parce que tout a été fait pour que cette stupide tragédie soit oubliée. Ses auteurs y sont parvenus en faisant taire les rescapés, en nettoyant les archives militaires qui font que même l’exercice lui-même résulte de n’avoir jamais eu lieu. Il a fallu attendre le courage des journalistes qui en on tiré un documentaire diffusé à partir de 20  heures 40’ du 4 Mai 2006 par la chaine culturelle germano-française ARTE.

La question la plus intéressante est certainement celle de savoir pourquoi cet acharnement à nettoyer les traces des événements aussi tristes soient-ils, mais qui font partie de la deuxième guerre mondiale ? Pour répondre à cette question, il nous suffit de nous poser une autre question, celle de savoir qui était ce cancre qui commandait cette funeste opération ? Et la réponse à elle seule suffit pour comprendre les raisons d’une telle omission de l’histoire. A guider ce fiasco était celui que les livres d’histoire nous présentent comme le héros de la deuxième guerre mondiale, le Général Dwight D. Eisenhower. La réponse est toute trouvée : il ne fallait pas entacher la réputation du Général sur le chemin qui allait le porter à la Maison Blanche. Pire, c’est une fois devenu président que les historiens vont montrer plus d’indulgence et de complaisance vis  à vis du président américain et tout simplement décider de mettre une croix sur cette épisode aussi important de la seconde guerre mondiale, mais de nature à atténuer la stature héroïque  qu’on veut attribuer Eisenhower.

Voilà comment souvent le simple silence de l’histoire peut se transformer en falsification, comme le prix à payer pour orienter les événements dans un sens ou dans l’autre en fonction des objectifs et des intérêts qu’on veut atteindre, avec bien entendu, la complicité des historiens.

B- MENSONGE NATIONAL
5-    LE MENSONGE SUR L’INVENTION DU CINEMA
Quand et Qui a inventé le cinéma ? Réponse :  en 1895 par les frères Lumières , nous disent les livres d’histoire. Mais pour découvrir le mensonge, il faut essayer de faire tourner légèrement le cerveau et poser une autre question que la prestidigitation du système nous a empêché de voir de prime abord. Et cette question c’est : quel a été le premier film de l’histoire des humains et quand l’a-t-il été réalisé ? La réponse est :  « Une scène au jardin de Roundhay » en 1888. Alors on se rend bien compte qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Si on a inventé un appareil en 1895, comment peut-on expliqué que 7 ans auparavant il était déjà fonctionnel ? A moins que…  Et si ce film ne l’était pas par les frère Lumières ? Bingo ! Lorsqu’on quitte l’évidence de croire que naturellement le premier film était l’œuvre des frères Lumières et on se pose une autre question : Qui est le réalisateur de ce film ? La réponse est tout aussi surprenante :  Louis Aimé Augustin Le Prince né à Mets en France en Aout 1842. Comment Le Prince pouvait-il réaliser un film en 1888 alors que le caméscope ne sera inventé qu’en 1895 ? simple, parce que c’est bien lui le vrai inventeur. Mais le tripatouillage de l’histoire a fait taire son nom.  Le Prince était un photographe qui depuis son enfance avait eu la chance de fréquenter un certain Louis Daguerre, l’inventeur de la photographie (sur plaque de fer) qui lui enseigna tout de son métier, la photographie, mais surtout, la chimie. Il devint célèbre en imprimant des photos sur la poterie. Dès 1881, il invente sa première camera avec 60 lentilles pour enregistrer plusieurs images à la fois.  Mais le film qui en sortait n’était pas stable, il sautait. Le Prince mettra 6 ans pour trouver la faille et comprendre que c’était dû à l’écartement non maitrisé des 60 lentilles. Il corrige son erreur et dépose son brevet dès 1887. Et réalise le fameux premier film l’année d’après, en 1888. Deux ans plus tard, en septembre 1890, il prend le train à Dijon pour se rendre à Paris où l’attend un grand investisseur pour exploiter son brevet. De ce train, le Prince ne descendra plus jamais. Il fut assassiné avant son arrivée  à Paris et à ce jour, son corps n’a jamais été retrouvé. Si on avait retrouvé son corps, ses héritiers auraient bénéficié de l’invention de leur papa et personne d’autre n’aurait prétendu à quoi que ce soit. Mais comme son corps n’a jamais été retrouvé, tous ses brevets furent suspendus (en attendant le jour où il reviendra). Et c’est comme cela que les frères Lumières purent prétendre à la paternité de l’invention du cinématographe et être célébré dans tous les livres d’histoire à la place du pauvre Le Prince, en déposant en février 1895 le brevet de leur appareil qui non seulement pouvait enregistrer l’image, mais pouvait aussi le projeter à l’écran, utilisant une pellicule perforée qu’un système de griffe permet de placer chaque image devant la fenêtre prévue pour la projection .

6-    LE MENSONGE SUR LA REVOLUTION FRANCAISE
Les petits enfants français apprennent à l’école que la fête nationale française du 14 Juillet célèbre prise de la Bastille en 1789, symbole de la Révolution Française. Ce qui est faux. Ici aussi, la propagande politique a eu raison de la vérité historique et des petits arrangements ont été faits pour offrir au peuple français une histoire plus profonde et pleine d’éthique et l’idéale de la société, bâtie sur la prise de conscience de ses citoyens. Cherchons à voir plus clair sur ce qui s’est réellement passé. Pour y arriver, nous devons procéder comme d’habitude par grade, en nous mettant au niveau de l’intelligence d’un enfant de 10 ans. Ce qui conduit inévitablement à nous poser une question très simple : depuis quand la date du 14 Juillet est-elle la fête nationale française ? Si c’est depuis 1789, on peut donc déduire que oui, l’histoire racontée est proche de la vérité. Mais la réponse à cette question n’est nullement celle qu’on pouvait s’y attendre. En effet, ce n’est qu’en 1880 que les Républicains ont adopté le 14 Juillet comme jour de fête nationale. Deuxième question très simple : avant 1880 quel jour servait de fête nationale ? Réponse : durant tout le 19ème siècle en France, cette même fête était célébrée le 15 Août.  Mais pourquoi donc ce mensonge ? Que cache-t-il d’autre ? Les mêmes livres d’histoire enseignent aux enfants français que la prise de la Bastille était faite par le peuple qui y est allé libérer les "victimes du despotisme", injustement détenus ; et le début du pouvoir qui passe au peuple. Tout cela est faux, bien entendu. Pour le savoir, demandons-nous quel était le vrai nombre de ce fameux peuple emprisonné à la Bastille que la masse populaire aurait libéré ? La réponse est : 7 personnes, dont  4  faussaires qui avaient fabriqué la fausse monnaie pour truander les banquiers de Paris, 1 aristocrate pour le délit de perversion sexuelle et 2 fous. Tous furent libérés, mais les 4 faussaires furent re-emprisonnés dès le lendemain, le 15 Juillet 1789, les 2 fous transférés dans un asile. Pour revenir à la question : que cache ces manipulations des faits historiques ? c’est que la prétendue révolution française du peuple qui prend le pouvoir était un simple coup d’état opéré par un bourgeois et Maire de Paris, alors appelé « prévôt des marchands », un certain  Jacques de Flesselles.  Le 14 Juillet ce qui intéresse Flesselles et sa milice (et non le peuple), ce sont les Invalides où sont stockés les armes. C’est lorsqu’à la troisième tentative lui et ses émeutiers  réussissent à prendre les Invalides qu’ils se rendent compte qu’ils ont les fusils, oui mais sans les balles et sans la poudre qui sont tenus un peu plus loin, à la Bastille. Et c’est ce qui va les conduire à la Bastille, pour prendre les munitions pour les armes à peine récupérées aux Invalides.  La révolution française est-elle le début de la liberté ? Faux !  Quelques exemples : le droit des personnes : abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition de la torture en 1781, abolition du péage pour juifs d'Alsace en 1784, fin de la persécution contre les protestants dès 1787, l'instauration d'un impôt direct égalitaire et d'une assemblée provinciale du peuple pour contrôler les impôts que payent les citoyens. C'est cette dernière réforme qui touche aux intérêts des puissants (noblesse, députés, bourgeois) qui sera fatale au roi Louis XVI, lorsqu'il ira jusqu'à vouloir passer par les Etats Généraux en 1789 pour faire passer cette dernière réforme. Et le coup d'état sera maquillé en Révolution Populaire et le pouvoir des castes de rentiers sera maintenu jusqu'aujourd'hui. Tout le maquillage de l'histoire, avait donc pour intérêt de faire passer en « volonté populaire », un coup d'état qui ne réussit pas complètement, puisque le rois restera à sa place et organisera même la première fête nationale du 14 juillet 1790, marquant le premier anniversaire des émeutes de 1789. L'épilogue sera que ses auteurs vont passer au plan B et accuser le roi Louis XVI de haute trahison et le guillotiner le 21 janvier 1793, ce roi avec qui ils avaient célébré trois ans auparavant le 14 Juillet 1790, le premier anniversaire de la fête dite de la Fédération, de la réconciliation. Voilà pourquoi, ces putschistes dénommés « Républicains » vont préférer une autre date, celle du 15 Août comme jour de la fête nationale, pour faire oublier la fourberie et la violence de leurs actes en cette date pour s’accaparer le pouvoir. Et ceci durera jusqu’en 1880.

7-    QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?
On entend souvent des revendications comme il faudra d’abord enseigner aux Africains l’histoire de l’Afrique. Mais la question qu’il convient de se poser c’est : Quelle histoire de l’Afrique ? Le vrai problème est que la plupart des historiens africains ont été formés à la sauce occidentale, qui par définition leur a enseigné la version de l’histoire qui était compatible avec ses intérêts. Et comme pour la plupart ces intérêts sont incompatibles avec ceux des africains, ces derniers sont tout simplement balayés d’un revers de main par les spécialistes de la manipulation et de la fabrique de l’histoire. Pour bien comprendre ce concept qui va sembler sans importance, prenez une compétition sportive entre deux pays, entre deux villes. Enregistrez les commentaires des journalistes sportifs qui décrivent la compétition. Lorsqu’à la fin du match, on compare ces commentaires, des journalistes des deux équipes, on a l’impression qu’il ne s’agit pas du même match, parce que ce qui est un exploit pour l’un, est un manquement pour l’autre, lorsqu’il y a un but qui suscite la joie dans un camp, le même but suscite l’amertume chez celui qui a subi. Ainsi va l’histoire. Il est impossible qu’un africain voit la même histoire qu’un Européen. Il est donc impossible qu’un africain désigne la violence des déportations de millions d’Africains par les Européens avec les mêmes mots, avec les mêmes adjectifs ou avec les mêmes substantifs comme LA TRAITE. De la même manière, les africains victimes de la violence de la période de l’occupation européenne ne peuvent pas désigner ce fait par le même mot des européens. Il suffit de voir les nombreux films réalisés surtout par les britanniques avec une certaine nostalgie pour comprendre que le mot colonisation est laudateur pour l’Européen qui avec cela, peut s’affranchir du viol du continent africain, puisqu’il se dédouane avec un mot qui signifie qu’il a mis en valeur des terres en friches, et n’appartenant à personne. De la même manière, des mots comme NEGRE,  NEGROIDE,  NEGRIER, NEGROPHOBES, NOIR etc… sont à bannir du vocabulaire d’un africain, car non seulement cela n’existe dans aucune langue africaine, mais en plus, l’européen qui l’a utilisé pour nous désigner ne le faisait pas pour nous faire plaisir.

Tous les fragments de l’histoire contemporaine africaine enseignée dans les écoles et universités en Afrique ont été construits avec la contribution financière de l’Europe ou de l’Unesco dont le siège parisien nous donne une indication assez précise de quel intérêt est privilégié. Il est donc naïf de parler d’une histoire contemporaine authentique africaine avec les financements européens. C’est le gage qu’aucune vérité troublante ne pourra être relatée.
Le pire c’est lorsque ces africains vont directement dans les universités occidentales boire leur dose de propagande historique mettant en scène la vision occidentale du monde, garantissant son image et ses intérêts. Comment peut-on ensuite être surpris que ces personnes une fois en fonction ignorent complètement l’urgence d’identifier au préalable les intérêts nationaux à défendre avant toute action ?

Quelle crédibilité dans l’écriture de l’histoire contemporaine africaine peut-on attendre des professeurs universitaires qui affichent à la porte de leur bureau à l’Université où ils enseignent, non seulement leur titre, mais surtout et en plus gros, le nom de l’université occidentale où ils ont étudiée ? De Lagos à Nairobi, en passant par  Yaoundé, lorsqu’on visite la partie administrative des universités, les noms : Harvard, Oxford, Sorbonne etc… se succèdent sur ces pancartes comme si c’est l’occident qui allait lui-même se déplacer en Afrique pour dire sa version de l’histoire. Pas besoin, il peut compter sur des intellectuels africains complexés qui ne comprennent pas le ridicule de telles pratiques surtout lorsque leurs collègues occidentaux arrivent dans leurs départements. Quelle humiliation à un niveau si élevé de ce qui aurait dû être le temple de la remise en question des enseignements de propagande apprise à l’école occidentale ? Dans tous les cas, il n’y a rien à espérer d’une catégorie aussi soumise d’Africains, fussent-ils des pluri-diplômés de toutes les universités du monde. Ce sont en effet les mêmes qui n’arrivent pas à comprendre que je peux émettre l’idée d’une alliance plus profitable avec la Chine. Pour eux, tout ce qui n’est pas de l’Occident dépasse leur entendement. Et sent l’espionnage chinois ou du KGB, même si ce dernier a été depuis remplacé par un organisme qu’ils sont incapables de dire comment cela s’appelle. . La jeunesse africaine doit  être capable de comprendre le niveau de complexité de la société occidentale pour s’habituer au fait que le vert peut être au fait bleu et le noir, marron, tout dépend de l’angle de vision. Dans son livre : « La Pensée Complexe », le penseur français Edgar Morin, explique pourquoi l’Occident a pris l’avance sur les autres peuples de la planète, par la pensée complexe, par le fait de n’être certain de rien, de mettre le doute en toute chose. Il écrit : « Nous demandons à la pensée qu'elle dissipe les brouillards et les obscurités, qu'elle révèle les lois qui nous gouvernent. Le mot de complexité, lui, ne peut qu'exprimer notre embarras, notre confusion, notre incapacité à définir de façon simple, à nommer de façon claire. La complexité est un mot problème et non un mot solution ». L’histoire contemporaine africaine devra s’inscrire dans une logique de complexité, donc de doute, de problème, d’embarras pour tendre vers la vérité, plutôt que de simplicité, voir, de certitude naïve.

Jean-Paul Pougala

Douala le 22/11/2012

(*) Jean-Paul Pougala enseigne « Géostratégie Africaine » à l’Institut Supérieur de Management ISMA à Douala au Cameroun.

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