vendredi 17 avril 2009

Agriculture: des semences africaines menacées de privatisation(Sidwaya 08/04/2009)




Les producteurs d'Afrique de l'Ouest sont bien décidés à se battre pour conserver le droit de produire leurs semences. Des demandes de certificat d'obtention végétale, notamment sur l'oignon de Galmi, déposées par une société sénégalaise à l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle pourraient, en effet, rapidement les priver de ce droit.

Les horticulteurs ouest africains ne pourront plus utiliser leurs semences d'oignon dit Violet de Galmi si la demande de certification d'obtention végétale, introduite fin 2006 auprès de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), par la société Sénégal Tropicasem, filiale de Limagrain, une société coopérative française spécialisée dans la vente de semences, est acceptée. Le dossier est déjà bien avancé et le délai de réclamation auprès de l'OAPI largement dépassé. Les agriculteurs avaient six mois à compter de la publication de ces demandes dans son bulletin officiel pour se manifester. Or, ce bulletin date de mars 2008…

C'est donc avec stupeur que les producteurs ouest africains ont appris cette nouvelle au cours d'un exposé de Robert Ali Brac de la Perrière, membre du Réseau semences paysannes de France, présenté à la foire de Djimini sur les semences paysannes, qui s'est tenue au sud du Sénégal, du 7 au 9 mars dernier.
Cette révélation a suscité leur colère. "L'heure est grave ! C'est une déclaration de guerre!", réagit avec véhémence Omer, paysan du Bénin. "On va porter plainte!", renchérit aussitôt sa compatriote Jeanne Zoundjiekpon, membre de la Coalition des organisations de la société civile pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN). Les producteurs comptent interpeller les organisations régionales sur ce sujet, en particulier le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), l'Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Le Violet de Galmi est une variété d'oignon originaire de Galmi, un village nigérien situé entre Niamey et Zinder. La semence, produite depuis près d'un siècle, a été introduite au Mali et au Sénégal où la production est passée de 40 000 t d'oignons en 2003 à 140 000 t en 2008, soit un chiffre d'affaires de près de 15 milliards de F CFA (23 millions €), selon l'Agence nationale de régulation des marchés.

Un scandale !

Les paysans présents à Djimini sont inquiets et craignent la mainmise des sociétés semencières sur d'autres légumes. "Aucune variété africaine n'est épargnée. Nous comptons sur l'opinion et allons faire appel à nos Etats qui réglementent le droit à la propriété intellectuelle", annonce Lamine Biaye, président de l'Association sénégalaise des producteurs de semences paysannes (ASPS). D'autres demandes d'obtention végétale sur des produits horticoles largement cultivés en Afrique tels que la pastèque, le piment jaune du Burkina Faso et le gombo Volta ont été faites à l'OAPI.

Face à ces menaces, Anne Berson, de l'association Biodiversité, échanges et diffusion d'expériences (BEDE) a demandé à la quarantaine de paysans présents à cet atelier de se mobiliser : "Il faut continuer à produire vos semences paysannes et étendre votre réseau…"
Pour Robert Ali Barc de la Perrière, également responsable à la BEDE, Tropicasem cherche à commercialiser des variétés à cultiver sur de grandes superficies. D'où la nécessité de disposer de semences certifiées. Il explique : "Ces variétés, dont Tropicasem veut la propriété intellectuelle, vont suivre des itinéraires techniques dans lesquels interviennent la recherche et les services de contrôle des Etats. Lorsqu'une variété devient homogène et stable, elle peut alors prétendre à une protection intellectuelle à l'OAPI.

A partir de ce moment-là, vous ne pouvez plus, en tant que producteur ou sélectionneur, reproduire librement des semences de Violet de Galmi, ni d'autres".Tropicasem n'a pas encore reçu la certification, mais les paysans français présents à Djimini font remarquer qu'on est en train de transposer en Afrique de l'Ouest, le cadre législatif européen qui interdit les semences paysannes.

"Ce qui est une grosse erreur, surtout du point de vue de la souveraineté alimentaire", avertit Jean Luc Danneyrolles, un jardinier français.
A Djimini, sur la place du village, des stands en chaume étalaient maïs, riz local, fonio, arachide, tubercules, niébé, etc. Sélectionnées, conservées et transmises de pères en fils, ces semences paysannes venues de différents pays d'Afrique ont fait l'objet d'échanges intenses.

"Cette semence de mil sunna Makhaly est originaire du village de Lissar à Mékhé. Elle porte le nom du paysan Makhaly qui est son dépositaire dans la communauté rurale. Depuis 1930, on l'échange avec d'autres graines", témoigne M'Baye Diouf, membre de l'Union des producteurs de Mékhé (130 km au nord de Dakar) qui explique toutes les caractéristiques de cette variété de mil à ses collègues très intéressés.

Pour tous, une semence paysanne ne doit être "ni améliorée par la recherche, ni hybridée". C'est éviter, disent-ils, d'entrer dans un cercle vicieux (achat d'engrais, d'intrants…). Notre principe fondamental, soutiennent-ils, c'est le respect de l'agroécologie. "Les hybrides, les certifications et les normes internationales, on n'en veut pas", lance Lamine. "La semence paysanne, c'est comme une belle fille qu'on donne en mariage", résume un vieux paysan africain. On ne la donne à n'importe qui.

Madieng SECK
Syfia international

mardi 14 avril 2009

Hama Amadou canonisé par Tandja Mamadou

Rappelons les faits. L’ancien premier ministre, prisonnier de Koutou Kalé souffrant d’hypotension et d’hypoglycémie serait dans un état de santé critique. Ses médecins ayant recommandé des examens complémentaires à l’hôpital de Niamey, il fut hospitalisé le 11 mars. Le 2 avril, malgré l’avis contraire des médecins, il a été illico presto reconduit sans aucun ménage et de façon abrupte à Koutou Kalé alors même que la situation nécessitait, semblerait-il, une évacuation pour des soins plus appropriés.


Cela a beaucoup ému les âmes sensibles et choqué les partisans de Hama Amadou. Devant le sentiment de pitié que cela à susciter, les autorités taxées d’inhumanisme ont voulu se racheter en proposant une évacuation sur le Maroc. Destination que Hama Amadou a dédaignée préférant de loin le pays de Molière, la France, l’Hôpital américain de Neuilly où il se soigne habituellement.


Tels sont plus ou moins les faits. Leur analyse maintenant :


- Hama Amadou doit- il craindre pour sa vie ? : En effet, l’assassinat politique étant inauguré au Niger avec celui de Ibrahim Baré Mainassara, il n’est pas exclu que par négligence médicale ou par ce biais médicale, qu’il soit porté atteinte à la vie de l’ancien premier ministre. Un accident est vite arrivé. Cela peut être une manière de ce débarrasser d’un épineux problème sans trop de casse, sans trop de vague, avec peu de moyen et avec une explication controversée mais très souvent admise. Comme ce fut le cas de nombreuses fois dans l’histoire politique de plusieurs pays africains et autres (dernièrement, rumeurs persistantes sur la mort de Yasser Arafat Jeune Afrique N°2517 du 5 au 11 Avril 2009 page 49).


- Pourquoi Hama Amadou veut il être évacuer en France? : Craignant notre première hypothèse ou au moins étant conscient de celle-ci, l’ancien premier ministre n’a d’autres options que l’exil politique. Et ça ne pourrait qu’arranger l’affaire de ceux qu’ils dérangent. Mais attention ! Hama Amadou ne s’exile pas n’importe où ! En fin animal politique, il lui faudra une destination qui lui permettra de rebondir. Et pour cela la France fait l’affaire. En Effet, l’homme est bien intégré dans le milieu politique français. Rappelons qu’il est un des conseillers pour l’Afrique du Président Français Nicolas SARKOZY. Raison pour laquelle, il est préférable pour ceux qui sont entrain de l’éliminer qu’il soit évacué vers une destination moins stratégique comme le Maroc, pays beaucoup plus enclin à coopérer en leur faveur. Et pour cause, la France, nations souveraines, qui se veut pays des droits de l’homme et des libertés, ne va pas hésiter à porter main forte à ce potentiel homme fort à promouvoir sur certaines conditions. Surtout que Le Président Tandja Mamadou ne joue pas leur jeu. Telles sont, d’après moi, les raisons pour les quelles Hama Amadou souhaite être évacuer en France et pourquoi ses tombeurs l’en empêchent.


- Pourquoi Hamas Amadou refuse t-il d’être évacué vers le Maroc ? être évacué vers le Maroc serait un exil de non retour ou en tout cas un enterrement de l’homme politique qu’est Hama Amadou. Puisqu’il ne pourra que très difficilement rebondir. Aussi Hama Amadou préfère jouer sa dernière carte tant qu’il tient à rester sur l’échiquier politique. Rester pour un jugement, qui parait il, pourrait le condamner pour 20 ou 30 ans de prison ferme (D’après les rumeurs….). Cela est possible d’autant que le tribunal sera composé de sept députés nationaux. Ceux la même qui ont voté sa mise en accusation en Juin 2008. Pour un homme de 59 ans, une condamnation de 20 à 30 ans est quasiment de la perpétuité. Raison pour laquelle, cette décision pourrait être très dangereuse pour ceux qui vont la faire prendre et pour le pays. Et Hama Amadou sait cela. D’ailleurs, il est plus ou moins certains que cette décision sera prise avec beaucoup de difficulté et en dernière option, tant les enjeux qu’elle englobe sont importants.


CONCLUSION :

Pour la première fois dans l’histoire politique, j’ai pu écouter personnellement à la radio une déclaration lue par un militant politique en sanglot (et de surcroît une femme). Les réunions politiques se succèdent ça et là, des appels à manifestations ont été entendus la nuit du 13 Avril à 00h pour le lendemain.


Le traitement qui est fait à Hama Amadou n’est il que juste à la mesure de sa capacité de nuisance pour la stabilité du pays ? Et la passion qui se crée de plus en plus pour sa cause n’est elle pas aussi nuisible que la soi disante capacité de nuisance qui est à l’origine de son élimination ?


Ce qui est sur ce que le sentiment d’injustice ressenti par beaucoup est entrain de permettre à Hama Amadou de se faire un capital de sympathie. Il faut croire qu’il est entrain, aux yeux du peuple, d’expier ses énormes péchés dans les politiques socioéconomiques, ses écarts et arrogances à l’endroit de ce même peuple.

En effet, le peuple est un enfant, sensible à la cause des faibles et prenant très souvent position aux cotés du moins fort.


Que veut faire Tandja de Hama: Un martyr ou un héros ? Le Président Tandja se doit de la jouer serré.



Votre dévoué,

Ibrahim Chaibou D.I