mercredi 4 avril 2012

Niamey, la 23 ème ville la plus chère au Monde!!!!


11 villes africaines dans le top 50 des villes les plus chères au monde




(Agence Ecofin) - Selon l’enquête Mercer 2011 sur le coût de la vie dans les grandes capitales, Luanda (Angola) est la ville la plus chère au monde pour les expatriés en raison d’une flambée du loyer. N'Djamena au Tchad se situe à la troisième place.
Libreville (Gabon) classé 12eme en 2011 a glissé de cinq places par rapport au classement 2010 et Niamey (Niger) demeure à la 23eme place.
En Afrique du Sud, Johannesburg (131) et Le Cap (158) ont fait respectivement un bond de 20 et 13 places dans le classement, reflétant le renforcement du rand sud-africain.
Ranking
March 2011
March 2010
City
Country
1
1
LUANDA
ANGOLA
2
2
TOKYO
JAPAN
3
3
N'DJAMENA
CHAD
4
4
MOSCOW
RUSSIA
5
5
GENEVA
SWITZERLAND
6
6
OSAKA
JAPAN
7
8
ZURICH
SWITZERLAND
8
11
SINGAPORE
SINGAPORE
9
8
HONG KONG
HONG KONG
10
21
SÂO PAULO
BRAZIL
11
19
NAGOYA
JAPAN
12
7
LIBREVILLE
GABON
12
29
RIO DE JANEIRO
BRAZIL
14
24
SYDNEY
AUSTRALIA
15
11
OSLO
NORWAY
16
22
BERN
SWITZERLAND
17
10
COPENHAGEN
DENMARK
18
17
LONDON
UNITED KINGDOM
19
14
SEOUL
SOUTH KOREA
20
16
BEIJING
CHINA
21
25
SHANGHAI
CHINA
21
33
MELBOURNE
AUSTRALIA
23
23
NIAMEY
NIGER
24
19
TEL AVIV
ISRAEL
25
13
VICTORIA
SEYCHELLES
25
15
MILAN
ITALY
27
17
PARIS
France
28
67
OUAGADOUGOU
BURKINA FASO
29
30
ST. PETERSBURG
RUSSIA
30
60
PERTH
AUSTRALIA
31
55
BRISBANE
AUSTRALIA
32
27
NEW YORK CITY, NY
UNITED STATES
33
70
BRASILIA
BRAZIL
34
26
ROME
ITALY
34
74
CANBERRA
AUSTRALIA
36
28
VIENNA
AUSTRIA
37
38
NOUMÉA
NEW CALEDONIA
38
38
GUANGZHOU
CHINA
39
62
DJIBOUTI
DJIBOUTI
39
76
STOCKHOLM
SWEDEN
41
62
LAGOS
NIGERIA
42
31
HELSINKI
FINLAND
43
42
SHENZHEN
CHINA
44
32
DAKAR
SENEGAL
44
141
KHARTOUM
SUDAN
46
90
ADELAIDE
AUSTRALIA
47
47
PRAGUE
CZECH REPUBLIC
48
36
BAKU
AZERBAIJAN
49
33
BANGUI
CENTRAL AFRICAN REP.
50
35
AMSTERDAM
NETHERLANDS
Classement Mercer du coût de la vie dans les capitales

dimanche 1 avril 2012

Sénégal: Macky SALL ou le changement dans la continuité coloniale.

Dans une Afrique où il est de coutume pour les tyrans de s'accrocher à leur fameux fauteuil présidentiel, lorsque dans un territoire un satrape perd le pouvoir, c'est plutôt normal que les partisans du changement pour le changement soient aux anges. Des Africains du territoire du Sénégal et beaucoup d’autres sont à la fête après que Abdoulaye Wade ait été sorti et qu’on ait porté, par vote, à sa place son ancien premier ministre Macky Sall. Ce matin, on apprend par la presse qu'un peu partout dans ce territoire l'heure est à la fête et aux réjouissances populaires. Mais si on prend un peu de recul, il est à constater que ce changement n'annonce rien de nouveau et même, il faut oser le dire, rien de bon. Mieux, il ressemble fort malheureusement pour les fêtards et autres optimistes béats à une continuité. C'est juste un changement de personne pour mieux ancrer le système. 

Macky Sall, le nouveau président du territoire du Sénégal. 

Tout d'abord: le nouvel élu se définit lui-même comme un libéral. Wade est aussi un libéral et il l'a toujours revendiqué et assumé. Qu'est-ce dont qu'un libéral dans le champ politico-économique? Un libéral c'est un partisan sur le plan politique de la démocratie et des libertés individuelles; et sur le plan économique c'est un capitaliste. Dans le contexte africain où les Etats ne sont que le visage d'autrui, l'expérience a montré que le libéral est un fervent partisan de la suppression des barrières douanières, de la libéralisation du mouvement des capitaux, de la construction des infrastructures moins rentables pour le pays mais bénéfiques aux entreprises transnationales, de l’augmentation des taxes et impôts, de la privatisation des secteurs publics de l’eau, de l’électricité, de la réduction des dépenses de santé, de l’éducation, de la réduction des salaires, du blocage des avancements voire du dégraissage dans la fonction publique, de la suppression de tout soutien public aux agriculteurs et de tous les frais affectés au bien-être de notre peuple. Bref, le libéral est celui qui a pour mission de transposer mécaniquement le modèle libéral en Afrique et détruire la vision africaine de la vie en communauté. Et toutes ces mesures ne visent rien sauf à faire des économies pour payer la « dette » et attirer les « bailleurs » et les « opérateurs économiques étrangers ». Un libéralisme de plus en plus rejeté violemment dans son berceau occidental où on lui cherche désespérément des alternatives mais revendiqué sous les cieux africains. Macky Sall est de ceux-là qui vantent la fameuse initiative PPTE qui énonce débilement que plus un pays alourdit sa pauvreté et sa dette, plus il va vers son développement. 

Ensuite: Macky Sall est un homme du système. Il a été nourri à la mamelle de l'ex-président Wade auprès de qui il a fait ses premières armes depuis les années 1980 au sein du PDS (Parti Démocratique Sénégalais). Elu président de la cellule Initiatives et Stratégies et secrétaire général de la Convention régionale du Parti démocratique sénégalais (PDS) de Fatick en 1998, il fut l'un des artisans en 2000 de la victoire de Wade qui le récompense en le nommant Conseiller Spécial. Son ascension ne s'arrête pas là. En 2001, Sall devient ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Hydraulique, puis ministre d'Etat en 2002 à différents postes. En avril 2004, il est nommé vice-président du comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS) et le 21 avril 2001 Macky Sall est nommé Premier ministre par Abdoulaye Wade, poste qu'il occupe jusqu’à la réélection d’Abdoulaye Wade en 2007. 

Continuant sa carrière, Sall passe de la primature à la présidence de l’Assemblée nationale le 20 juin 2007. C'est à ce poste qu'il va rencontrer sa première pierre d'achoppement. Certain d'être par son parcours politique un fils du président Wade, il "ose" convoquer Karim Wade, fils du président Wade à l'Assemblée pour audition sur les travaux de l'Agence nationale de l'Organisation de la Conférence Islamique (ANOCI). Le courroux du vieux lion de la Teranga Wade est immédiat. Il opte pour les liens du sang en punissant le « fils politique » au bénéfice de Karim. Le poste de numéro 2 du PDS est supprimé par le comité directeur qui décide aussi de réduire le mandant du président de l'Assemblée de cinq à un an. L'infamie est insupportable pour Sall qui démissionne du PDS et crée son propre parti, l'Alliance pour la République. Comme on peut le voir, Macky Sall est un homme du système qui l'a fait du début jusqu'à son niveau actuel. Il ne l'a jamais remis en cause et ne le fera pas. Macky Sall se définissant comme un libéral n’a jamais posé que de question sur l’économie coloniale dans laquelle le territoire du Sénégal baigne en compagnie de tous les autres avec le Franc CFA à l’appui. Jamais de question non plus sur les cultures coloniales notamment l’arachide dans laquelle le territoire du Sénégal excelle. jamais, il n'a mentionné que le cadre africain est un cadre vicié et impropre au développement à cause de son extraversion absolue depuis des siècles à présent. Il n’a pas quitté le navire colonial (Etat colonial) parce que fondamentalement il est mauvais et que piloté avec la boussole étrangère, il ne peut donc que mener le peuple africain du Sénégal à l’accident final. 

Enfin: Macky Sall est Grand Croix de l’Ordre national du Lion et Grand Officier de l’Ordre de la Pléiade de la Francophonie. Il a été surtout fait Grand Officier de la Légion d’Honneur française, le 25 mars 2008 en plein trouble avec son mentor Abdoulaye Wade par l’Ambassadeur français Jean-Christophe Ruffin. Les textes de la Légion sont clairs : « La Légion d'honneur est la plus haute décoration française. Elle récompense les mérites acquis par les citoyens, en dehors de toute considération sociale ou héréditaire et ce, dans tous les secteurs d'activité du pays. » La Légion d’Honneur n’est attribuée qu’aux français, comme le précise l’article R.16 du Code de la Légion d’Honneur. A titre exceptionnel toutefois les étrangers peuvent être décorés en fonction de leur personnalité et des services rendus à la France. Macky Sall est-il français? Si, oui dans ce cas, les Africains du Sénégal auront élu un français qui ne peut que travailler pour son pays à la tête de ce territoire. Il y aurait alors erreur sur la personne. S'il ne l'est pas, quels sont donc ces services que Macky Sall a rendu, rend et rendra encore à la France pour qu’il ait cette récompense ? On peut aisément le deviner, mais bien malin est celui qui pourra montrer des preuves quand on sait que la caractéristique principale de la Françafrique est de procéder dans l’opacité. Mais étant à plusieurs reprises ministre des mines, de l’énergie et de l’hydraulique, on peut imaginer des contrats en faveur des multinationales françaises. Mais, pas seulement. Avec cette médaille, il n’est pas seulement question de récompenser les services rendus dans le passé. Il est probablement question aussi de préparer le terrain pour d’autres bonnes œuvres dans le futur en faveur de la Métropole. Car, la France a ceci de particulier qu’elle sait repérer très tôt les bons chevaux sur lesquels elle mise depuis leur plus jeune âge en leur offrant des gadgets les plus clinquants afin de les mettre sous son contrôle très tôt. C’est cette caste que les coloniaux appelaient « l’élite indigène » dont la mission est de lier solidement les territoires d’Afrique à la Métropole. 

Dans un cadre colonial comme c’est le cas dans l’Afrique actuelle, le pouvoir d’Etat ne peut être remis en n’importe quelle main. Il ne peut que quitter une main soumise pour retomber dans une autre encore voire plus servile. Lorsque, par le hasard de l'histoire, ce pouvoir parvient à un homme qui n'est pas coopté par la Métropole, la vie de ce dirigeant devient un enfer. Tout est mis en oeuvre pour l'assassiner (Sankara et bien d'autres) ou pour le renverser (Laurent Gbagbo et bien d'autres). Ce système ne peut dès lors se sentir que renforcé si la transmission du pouvoir se fait avec la participation du peuple à travers la voie électorale comme c’est le cas au Sénégal. Le peuple africain de ce territoire vient de "choisir" le changement de personne dans la continuité d’un système. 

Mais pour beaucoup d’Africains tout ceci n’est qu’accessoire, l’essentiel étant que Wade, le "vieux Wade" s’en aille. Ainsi donc, en poursuivant la curiosité de visiter ce qu’on appelle la toile et les réseaux sociaux, on s’aperçoit que ce qui préoccupe effectivement ce n’est ni de se demander de quoi cette fameuse alternance et cette « leçon de démocratie » a le nom, ni d’interroger la politique dont Macky Sall est porteur, ni d’étudier le cadre dans lequel le « nouvel élu » devra agir, ni de mesurer les résultats que cet homme a fait, puisqu’il a été au pouvoir depuis 10 ans et ceux qu’il pourra obtenir avec ses nouvelles responsabilités. Non, tout ceci n’est que questionnements académiques voire hors-sujet. Ce qui intéresse et qui est motif de joie c’est que non seulement Wade et Cie aient quitté le pouvoir, mais encore que la nouvelle première dame du territoire du Sénégal ne soit pas une « blanche », mais une noire, une Africaine. 

Que les compatriotes du Sénégal aient mis en échec le projet Sarkowade qui visait à monarchiser ce territoire avec un plan qui devrait léguer le trône présidentiel à Karim Wade après le règne de son père, c'est un fait, mais si « le changement » doit uniquement signifier pour beaucoup le changement de personne à la tête de nos territoires et l'avènement d'une première dame noire au lieu d'une blanche alors là, on est plus que mal barrés. A ce coup, il n’est pas étonnant que l’Afrique soit toujours dans la colonisation sans que beaucoup s’en aperçoivent. 

En conclusion, il faut redire que le cadre africain est un cadre colonial. Il fonctionne pour satisfaire les besoins de l’extérieur au mépris des préoccupations endogènes. Tant que ce cadre ne sera pas remis en cause, détruit et reconstruit à l’aune des valeurs et des besoins intérieurs, c’est peine perdue qu’on se tue à doter les proto-Etats africains de présidents et des gouvernements. Espérer que l'Afrique sortira des rapports d'exploitation et de soumission qu'elle entretient avec l'extérieur (notamment avec l'Occident) avec des élections à l'issue desquelles on attend des élus des réformes revient à jouer à une poule qui couve des œufs pourris avec l’espérance que les 21 jours de couvaison déboucheront sur l’éclosion de poussins. On ne réforme pas la colonisation, on la détruit. Si tel n'est pas le cas, alors les rapports coloniaux deviennent selon les mots prononcés dans son allocution radiotélévisée du 6 avril 1962 par De Gaulle, des "rapports de coopération" qui en réalité continuent par servir la Métropole. 

Les Africains doivent se rendre à l’évidence que lorsqu’on ne maîtrise pas son espace, on ne peut le transformer. Les africains du Sénégal peuvent avoir le sentiment de choisir « leur président », mais ils ne décident de rien du tout. Ils vivent sur un territoire qu’ils ne maîtrisent pas. D’où l’urgence de ne pas se satisfaire d’un changement qui n’en est pas un. D’où l’urgence de refuser de célébrer le faux et le mirage. Le travail revient donc une fois encore aux filles et fils du peuple noir. Lorsque chacun assumera sa part de responsabilité avec gravité en pensant à l’avenir et au devenir de nos enfants, nous pourrons nous lever pour dire non à un système qui présente nos illusions comme nos plus brillantes réussites. Et ceci nécessite de la formation, des stratégies les plus redoutables et des hommes cohérents, aguerris et capables d'organiser la masse au mieux désordonnée, au pire, orientée quasi-totalement vers un paradis dont l'accès est conditionné par la pauvreté sur terre, la soumission à toute autorité y compris la plus crasse sous le fallacieux prétexte qu'elle vient de "Dieu". Seul un Etat véritable, une construction maîtrisée de l’intérieur peut conduire les populations d’Afrique à la satisfaction de leurs besoins. Mais pour arriver à cet Etat en Afrique, il faudra nécessairement et préalablement mettre à sac les proto-Etats érigés en Afrique par le colonialisme uniquement pour ses propres besoins. 

Komla KPOGLI
26 mars 2012 Web.
http://lajuda.blogspot.com
Publié par: Mouvement pour la Libération Totale et la Reconstruction de l'Afrique (MOLTRA) http://lajuda.blogspot.com/2012/03/senegal-macky-sall-ou-le-changement.html

lundi 13 février 2012

ONU des Puissants: Out of Africa !

Contre les ingérences extérieures et pour le respect de la Dignité et de la Souveraineté africaines

A peine refermée la page des commémorations des 50 ans d’indépendance-sans souveraineté, et comme pour couper l’élan à ceux des Africains déterminés à mettre fin à la continuelle domination du continent, celui-ci se trouve coup sur coup violemment agressé dans son aspiration à sa dignité et à la souveraineté de ses Etats. Après la Côte d’Ivoire, la Libye a été visée. L’humiliation et la soumission sont infligées aux Africains avec une volonté annihilatrice, en utilisant le même cadre : l’ONU. Ou d’autres espaces semblables (CPI, FMI, Banque Mondiale, etc.). A la commande : certaines puissances impériales (USA, France, Royaume-Uni) qui font de cette organisation un outil avant tout au service de leurs objectifs stratégiques, autant politiques qu’économiques.

Lors de la création de l’ONU, à la Conférence de San Francisco, le 26 juin 1945, l’un des buts fondamentaux définis dans sa Charte était de « développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ». A la décolonisation, les « Pays non-alignés » (Egypte, Ghana, Ethiopie, Indonésie, Inde, etc.) pouvaient infléchir l’ONU dans le sens du soutien de ces droits. Avec le délitement et la disparition de ce groupe, l’organisation a pris une autre dérive.

L’ONU et l’Afrique : une dérive récolonisatrice et anti-africaine

- Dans la crise libyenne. L’Union Africaine en a été écartée de manière flagrante, humiliante. Ses solutions pacifiques étaient éloignées des objectifs de ceux qui, outrepassant la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, prise pour « protéger les populations civiles », ont décidé de mener une véritable guerre pour liquider purement et simplement un chef d´Etat africain et son régime. Dans ce but précis, ils ont confié le mandat d’une ONU créée pour promouvoir la paix à l’organisation militaire la plus puissante et la plus guerrière du monde, l’OTAN. Devenue armée de l’ONU et assurée d’une impunité totale, cette machine de guerre se livre depuis cinq mois et 7500 « missions » à un véritable carnage au sein de la population civile et contre les infrastructures, par ses bombardements sans discernement.

 - Lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. La sacro-sainte règle de règlement pacifique de conflit a été également écartée d’emblée. L’ONU a vite servi de cadre à l’action militaire offensive de sa propre « force de paix », alliée à celle de l’ancien colonisateur du pays, la France, et à des rebelles suivistes, avec un seul objectif, quitte à désinformer massivement : nier toute souveraineté aux institutions en place afin de placer à la tête du pays un homme plus enclin à se soumettre aux ordres de la France. Soutenue par l’administration Obama, elle va ainsi tout mettre en œuvre pour légitimer, au moyen de l’ONU, son soutien aux rebelles sous le fallacieux prétexte de préservation des vies humaines. Alors que des atrocités massives ont été commises dans l’Ouest ivoirien, aucun militaire rebelle n’a été à ce jour inquiété par la CPI.

 - Après la mise en place de la Cour pénale internationale (CPI). Non seulement parmi ses promoteurs les plus zélés figurent ceux qui n’y enverront jamais leurs ressortissants impliqués en Afrique dans des coups d´Etat, assassinats politiques, crimes de guerre ou génocide, de plus la prédominance Noire de ses nombreux prévenus démontre qu’il ne s’agit que d’un « tribunal pour Africains ». Des Africains insoumis. Force est de constater qu´aucun des dictateurs commanditaires ou organisateurs de crimes de guerre n`est inquiété par cette CPI.

 - Face aux crimes de guerre et au pillage des ressources dans l’Est du Congo. Malgré ses propres rapports alarmants et accusateurs, l’ONU laisse faire. Les 30 000 hommes qu’elle y a déployés restent privés de toute option militaire contre divers groupes armés se livrant au pillage, à des massacres (plus de 6 millions de morts depuis 1998) et à des viols massifs et sauvages, principalement sur des femmes, parfois à deux pas des camps onusiens. La CPI ne s’y intéresse pas trop, afin de préserver intérêts et alliés des maîtres de l’ONU dans la région.
 - Face au génocide du Rwanda. Sans y être impliquée directement, l’ONU a cependant laissé faire aussi. Au plus fort du génocide, elle a ordonné à ses 25 000 Casques bleus déployés sur place de ne pas intervenir. Ni contre les génocidaires, ni pour porter le moindre secours aux victimes, même quand elles frappaient aux portes des camps onusiens. Cette non assistance à personnes en danger contribuera à enfler le nombre du million de victimes du génocide.

 - Déjà, lors de la crise du Congo (RDC) en 1960. Les forces onusiennes sollicitées par le 1er ministre Lumumba refuseront de se déployer au Katanga, riche province entrée en sécession avec l’aide de la Belgique, l’ancienne puissance coloniale. Lâché par l’ONU, cible d’un complot téléguidé par la CIA, Lumumba sera assassiné au Katanga. Sa mort précédera de peu l'assassinat du secrétaire général de l’ONU, le suédois Dag Hammarskjöld, très attaché à la souveraineté des nouveaux Etats africains.
L’ONU a sans doute besoin de l’Afrique. Mais, elle est dressée contre elle. L’Afrique aurait donc raison de se passer de l´ONU.

Ce que l’Afrique gagne principalement, en quittant l’ONU

L’Afrique se crée une opportunité historique de remodeler son destin. Collectivement ou individuellement, elle peut redessiner de nouveaux paramètres pour des relations internationales privilégiant avant tout le respect de la dignité africaine et de la souveraineté de ses Etats. En valorisant mieux les atouts de son potentiel économique, elle gagne les moyens concrets de ce respect. Aujourd´hui l’Occident ne se moque plus des Chinois devenus leurs créanciers.

L’Afrique cesse d’offrir sur un plateau d’argent, à ses agresseurs, maîtres de l’ONU, les outils de la démolition de sa dignité et de sa souveraineté. Les agressions et les assassinats des dirigeants peu soumis ne cesseront pas. La mise en péril de la prospérité de l’Occident, avec la montée en puissance des économies émergentes, va encore multiplier à travers l'ONU notamment la répression féroce de toute velléité d’indépendance, afin de créer, sauvegarder ou renforcer des positions privilégiées.

Ce que l’Afrique pourrait « perdre » principalement, en quittant l’ONU

L’aide multilatérale. Il s’agit d’un espace de mendicité avilissant, qui a fait du monde entier développeur patenté de l’Afrique. Pour un résultat nul. La Chine n’a jamais compté sur l’aide internationale. Thomas Sankara, au Burkina Faso, a réussi à s’en passer. A présent que des partenariats gagnants-gagnants sont enfin possibles, il n’y a nul besoin de mendier en étant assis sur de l’or, du pétrole, de l´uranium, du coltan, pour ne citer que quelques unes de ses richesses.

Un espace de dialogue international. Toutefois, les voix africaines ne comptent pas sur cet espace, ni pour les initiatives de paix, ni pour les politiques de développement. Comme sous la colonisation, les Africains n’y ont aucun mot à dire. Ils subissent la dictature des Puissants, notamment à travers la promotion de leur « démocratie » alibi à géométrie très variable.

Signez la pétition !
Comme l’a dit Lumumba, cet artisan et héros de l’émancipation africaine, l’histoire de l’Afrique n’a pas à être écrite à Washington, Londres, Paris ou New York, avec foison de mensonges révisionnistes. C’est aux Africains eux-mêmes d’écrire dignement leur histoire, y compris celle de leur cheminement démocratique !
S’inscrivant dans la même vision, devant l’affront subi en Côte d’Ivoire et en cours en Libye, l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki appelle tous les Africains à « défendre leurs intérêts face à l’Occident » et à « manifester massivement leur refus des ingérences extérieures et leur droit à décider de leur avenir ». Il y va de la dignité, de la souveraineté, de la survie de l’Afrique.
Par la présente pétition, manifestons ce refus et ce droit. Sinon, pour ouvrir un impératif débat sur le bien-fondé d’une présence africaine au sein d’une organisation n’ayant pour l’Afrique d’autre perspective que soumission, humiliations, recolonisation.
CRAN, Berne, 24 août 2011
Contact : cran02@bluewin.ch   -   www.cran.ch
Signer la petition à ce lien :
http://www.petitions24.net/onu_des_puissants__out_of_africa

samedi 4 février 2012

Comment le FMI fabrique la misère et la cache sous le tapis ?

Du Niger à l’Islande : petit voyage en compagnie de Christine Lagarde
Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), s’est rendue au Nigeria, puis au Niger du 18 décembre au 22 décembre 2011. Sa visite au Niger avait pour objectif d’ « assurer l’avenir économique du Niger dans une conjoncture mondiale incertaine ». Pour cela, un véritable tapis rouge a été déployé : Mme Lagarde a pu rencontrer des représentants des institutions financières et du secteur privé, prendre part à un conseil des ministres et prononcer un discours à la chaire de l’Assemblée Nationale. Pas étonnant dans ces conditions qu’elle se dise « très satisfaite du degré de coopération du partenariat qui existe entre le Niger et le FMI. Nous sommes en accord sur l’essentiel ».

Qu’importe la langue de bois, main basse sur les ressources

A Niamey, devant le président nigérien Mahamadou Issoufou, Christine Lagarde a déclaré que « le Niger se trouve à un moment décisif de son évolution (...) Il faut se rendre à la difficile évidence que relativement peu de pays ont réussi à bien gérer leurs ressources naturelles » dénonçant « les investisseurs peu scrupuleux qui ont investi au détriment des populations locales ». Pour le FMI la solution réside alors dans l’utilisation « avec intelligence et précaution, [de façon] durable et soutenable, des ressources naturelles au bénéfice du plus grand nombre ».

Ce n’est pas un hasard si pour sa première visite en Afrique Mme Lagarde, ancienne ministre française de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, s’est rendue au Niger. Ancienne colonie française, le pays constitue le pré-carré de la Cogema puis d’Areva qui, depuis des décennies, exploitent de manière peu scrupuleuse l’uranium. Le nucléaire, question clé de la campagne présidentielle française de 2012 a très largement besoin de l’uranium nigérien : près d’un tiers de l’uranium des centrales nucléaires françaises provient du Niger. Le pays est le premier fournisseur d’Areva : la moitié de sa production de 2010 était assurée par ses sites nigériens ... La multinationale française loin d’exploiter les ressources du Niger de manière intelligente, durable, soutenable, et au profit du plus grand nombre est largement responsable d’un énorme scandale écologique et social. En décembre 2003, la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) a effectué une mission scientifique au Niger afin d’enquêter sur l’impact radiologique des activités d’extraction de l’uranium conduites depuis plus de 40 ans par des filiales du groupe Areva. « Bien que le matériel de mesure ait été confisqué par les autorités, [cette enquête a permis de] mettre en évidence des pollutions radioactives manifestes, dans la région des villes d’Arlit et Akokan notamment. Les travailleurs des mines d’uranium sont exposés à la radioactivité, mais la contamination de l’air, de l’eau, des sols, au voisinage des mines expose en réalité l’ensemble de la population à des radiations. Il s’agit de faibles doses, mais qui peuvent à la longue avoir des conséquences sanitaires multiples. » |1|

Last but not least, le Niger est devenu en novembre 2011 producteur de pétrole avec des sites de forages dans l’est du pays.

Grâce à la surexploitation de ses ressources naturelles et à l’abandon de sa souveraineté politique et économique, le Niger pourrait connaître en 2012 l’une des plus fortes croissances économiques du monde (14%) ... de quoi faire des envieux dans le contexte de marasme économique mondial.


Austérité mon amour

Lors de sa visite, Mme Lagarde s’est également rendue à Boubon, à l’ouest de Niamey, où elle a rencontré des potières qui font la renommée de ce village. Elle y a joyeusement déclarée que le FMI « n’est pas seulement une institution désincarnée qui prescrit des mesures d’austérité à travers le monde » il est « très sensible aux particularités » de chaque pays ... Malheureusement pour Madame Lagarde, le FMI ne trompe aujourd’hui plus personne, et si c’est dans les vieux pots qu’on fait les bonnes soupes, cette visite au Niger n’annonce rien de bon pour la population qui va une fois de plus payer les pots cassés des mesures d’austérités drastiques.

Le Niger est l’un des pays les plus pauvre de la planète avec 16 millions d’habitants dont six millions sont menacés par la famine. Il apparaît quelque peu cynique pour la directrice générale du FMI d’expliquer que la pauvreté et la famine sont le fâcheux résultat d’une mauvaise météo : « la vie n’est pas toujours facile, je sais que les questions alimentaires en particulier sont un vrai problème, la saison des pluies a été faible ». Le FMI ne fait pas le beau temps et il est en grande partie responsable de la crise alimentaire qui touche de nombreux pays du Sud. Dès le début des années 80, le FMI et son amie la Banque mondiale ont contraint les pays du Sud à adopter des politiques d’ajustement structurel qui se sont révélées dramatiques à de nombreux égards : réduction des surfaces destinées aux cultures vivrières et spécialisation dans un ou deux produits d’exportation, fin des systèmes de stabilisation des prix, abandon de l’autosuffisance en céréales, fragilisation des économies par une extrême dépendance aux évolutions des marchés mondiaux, forte réduction des budgets sociaux, suppression des subventions aux produits de base, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs locaux avec des sociétés transnationales… |2|


Du Sud au Nord, le FMI est responsable de la crise

Le FMI semble s’inquiéter d’une « conjoncture mondiale incertaine », or il est largement responsable de la crise de la dette qui touche les pays du Nord comme ceux du Sud.

La crise de la dette que connaît aujourd’hui l’Europe contient les même ingrédients que celle qui frappe les pays du Sud depuis les années 80 ... Le FMI a lancé il y a quelques jours (le 18 janvier 2012) un appel pour collecter plus de 500 milliards de dollars pour faire face à la crise de la dette en zone euro. Le FMI intervient en Europe au sein de la Troïka (avec la Banque centrale et la commission européenne) en octroyant des prêts aux pays sur-endettés pour que ceux-ci puissent rembourser les banques privées (dans le cas de la dette espagnole, italienne, grecque et portugaises, les banques privées créancières sont principalement allemandes et françaises, ce qui explique en partie l’agitation du couple Merkel-Sarkozy, occupé à sauver les banques privées de leurs pays ....) En échange des prêts du FMI, les états sur-endettés doivent se soumettre à un plan d’austérité, dont le contenu est bien connu des peuples du Sud : privatisation, licenciement des fonctionnaires, augmentation de la TVA, etc.

Bref difficile de croire que le FMI « n’est pas seulement une institution désincarnée qui prescrit des mesures d’austérité à travers le monde » , l’histoire montre simplement le contraire.

La crise de la dette en Europe a remis l’institution sur pied car depuis les années 2000 elle était bien mal en point. D’une part, le FMI s’était fait une très mauvaise réputation en raison des plans d’austérité sévère qu’il a imposés aux pays du Sud et dans les années 2000, différentes luttes populaires ont poussé des gouvernements, comme celui de l’Argentine, à mettre l’institution à la porte. D’autre part, à partir de 2004, la conjoncture favorable des prix des matières premières a permis à de nombreux pays (tels que l’Algérie, le Brésil, le Venezuela ou la Russie) de se défaire de ses engagements avec le FMI par des remboursements anticipés. Ainsi en quelques années, les montants des prêts du FMI ont brutalement chuté, passant en 2003 de 107 milliards de dollars à 16 milliards de dollars en 2007. Au moment ou Dominique Strauss Kahn en a pris les rênes 15% du personnel soit 380 personnes ont été licenciées et l’institution a été contrainte de vendre une partie de son stock d’or.

En avril 2009, le G20 de Londres décide de confier au FMI le rôle principal de gestionnaire de la crise de la dette en Europe et de porter à 750 milliards sa capacité de prêt qui était de 250 milliards. Fin 2011, les montants des prêts du FMI s’élèvent à 254 milliards de dollars ... de quoi retrouver d’importants bénéfices ...

Quand les peuples refusent de payer la dette, l’austérité recule

La dette est un mécanisme d’accaparement des richesses. Pour refuser l’austérité il parait essentiel de se pencher sur la question du remboursement de la dette et de mener des audits citoyens |3|. Des exemples existent et ils montrent qu’il est possible pour les citoyen-ne-s de proposer des alternatives. Quand les peuples refusent de payer la dette, c’est l’austérité qui recule et les droits sociaux qui reprennent le dessus.

En Équateur, en 2007 le pouvoir exécutif décide de mettre en place une commission d’audit intégral sur la dette portant sur la période 1976-2006. A l’issue de ce travail, le président de l’Équateur a déclaré qu’il ne paierait pas la part de la dette commerciale jugée illégitime. L’audit a permis à l’Equateur de racheter pour 900 millions de dollars des titres qui en valaient 3,2 milliards. Résultat : une économie cumulée entre capital et intérêts d’environ 7 milliards de dollars. Ces sommes ont été réinvesties dans les dépenses sociales et notamment dans la santé, l’éducation et les aides sociales. Par ailleurs, la part du budget de l’Etat pour le paiement de la dette est passée de 32% à 15% et celle concernant les dépenses sociales de 12 à 25%.

L’Islande, le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers connait des perspectives économiques pour 2012 tout à fait intéressantes. Le pays a terminé l’année 2011 avec une croissance économique de 2,1% et selon les prévisions de la Commission européenne, il connaitra un taux de croissance trois fois supérieure à celui de l’Union Européenne en 2012. Loin de faire de la croissance un cheval de bataille, il est quand même intéressant d’observer que le pays qui atteint la sacro-sainte croissance tant vantée par le FMI et ses compères est celui qui refuse de payer pour les banquiers...

Eux ou nous ... Il n’y a pas vingt chemins pour se réapproprier notre souveraineté politique et économique. Il faut exiger de toute urgence l’ouverture des livres de comptes et refuser de payer la dette, le sauvetage des banques, la baisse des impôts des plus riches et des grandes entreprises.

Ce n’est pas un choix, puisqu’il s’agit en clair de nos écoles, nos hôpitaux, nos emplois, nos droits ou de leurs profits. Nous devons avancer, en solidarité avec tous les peuples du monde, vers une vraie démocratie où l’intérêt commun, le partage des richesses et les droits sociaux sont inaliénables. L’acte un reste à poser : nous devons refuser de payer la dette aux créanciers !

Notes

|1| http://www.criirad.org/actualites/d...

|2| Lire : Le CADTM pointe les responsabilités des mesures imposées par le FMI et la Banque mondiale dans la catastrophe alimentaire mondiale. http://www.cadtm.org/Le-CADTM-pointe-les

|3| http://www.audit-citoyen.org/

Articles de Pauline Imbach publiés par Mondialisation.ca